Pathé Ouédraogo alias Pathé‘O
Zoom sur un as du ciseau au service des présidents africains
Ainé Pathé Ouédraogo, alias Pathé‘O, a vu le jour au Burkina Faso, précisément dans la localité de Guibaré en 1950 d’une famille modeste. En 1969, il décide de migrer en Côte d’Ivoire où il exerce plusieurs petits métiers, avant de se lancer dans la mode.
L’habilleur des chefs d’État africains
A Treichville, quartier populaire au sud d’Abidjan où il prend ses quartiers, dès 1970, Pathé‘O fait parler son talent à travers ses créations qui sortent de l’ordinaire. Tous les férus de la mode ne jurent que par lui. De fil en aiguille, il réussi à se forger une renommée qui dépasse désormais les frontières ivoiriennes, surtout lorsqu’il devient le couturier attitré de l’ex président sud-africain, feu Nelson Mandela.
Il s’ouvre dès lors, le marché luxueux des présidents africains et des personnalités les plus influentes du continent. L’habilleur des chefs d’État fait la fierté de la mode africaine. Sa particularité, réside dans sa capacité à transformer les matières premières locales, notamment le pagne imprimé, les tissés (le Kita baoulé, le pagne korhogolais, le Faso Dan Fani), le voile mauritanien, le bazin ou encore l’indigo, avec des finitions faites à la main qui épousent la perfection.
La reconnaissance de son talent au plan national, se matérialise par son sacre au concours organisé par la firme Uniwax en 1985, où il remporte le Ciseaux d’Or. La compétition lui permet d’entrer dans l’univers des grands créateurs d’Abidjan, et vers la fin de l’année 1987, il installe définitivement sa maison de couture Pathé’O à Treichville. Dix ans plus tard, l’ancien président sud-africain Nelson Mandela portait l’une de ses chemises lors d’une visite officielle en France.
« Il y a cinquante ans, je n’imaginais pas en arriver là. C’est extraordinaire ! » a-t-il affirmé lors de la conférence rapportée par l’AFP.
La publicité apportée par l’icône anti-apartheid lui ouvre la voie vers d’autres dirigeants comme le roi du Maroc Mohammed VI, le président du Rwanda Paul Kagame, l’homme le plus riche d’Afrique Aliko Dangote, etc. Beaucoup d’autres personnalités et stars figurent aujourd’hui parmi ses clients.
Le savoir-faire de Pathé’O s’inspire, dit-il, de la rue, des femmes qui vont au marché parées de vêtements et de foulards multicolores. Teintures et imprimés mouchetés, la « salade », ou encore la teinture « nuage », celui qui a su garder son humilité malgré son grand succès veille tous les jours à ce que le travail soit bien fait.
Pour diffuser sa marque, Pathé’O a ouvert des boutiques dans plusieurs grandes villes africaines, dont Yamoussoukro, Bamako, Ouagadougou, Libreville, Yaoundé, Douala, Brazzaville, Luanda. En Occident, le styliste modéliste dit avoir des représentations à Pointe-À-Pitre et au Québec. Il possède aujourd’hui plus d’une cinquantaine de machines à coudre et emploie une soixantaine de personnes.
Pathé’O inauguré en octobre 2021, son nouveau siège social dans le quartier huppé de Cocody, qui abritera aussi une fondation dont l’objectif est de faire émerger une nouvelle génération de créateurs africains. L’homme aux allures humbles qui n’a plus rien à prouver dans le domaine de la haute couture entend mettre sa réussite au service de la mode en Afrique, comme un instrument pour le développement.
Thom Biakpa
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