S’il y a un domaine dans lequel le Burkina Faso est un modèle, c’est bien celui de la valorisation de son identité culturelle. Cette idéologie s’est transportée dans le milieu vestimentaire où les populations du « Pays des Hommes Intègres » ont réussi à mettre en priorité la consommation de la création locale.
Au niveau de la mode, la promotion du Faso Dan Fani en est la parfaite illustration. Ce pagne tissé qui a traversé les époques, est lourd de sens et de symboles. Littéralement, Faso Dan Fani signifie « pagne tissé de la patrie », un nom qui laisse deviner les enjeux liés à sa production et sa consommation. Il porte un intérêt important autant sur le plan économique que traditionnel.
A la découverte du “Pagne de la patrie”
Le Faso Dan Fani est un pagne traditionnal burkinabé. Il est confectionné à base d’une matière première qui est le coton. Selon nos informations, ancestralement, ce sont les Mossis, une ethnie présente au Burkina Faso, qui cultivent et transforment le coton, au gré des saisons (humide pour la culture, sèche pour le tissage). Les rôles ensuite sont divisés sexuellement : le coton, une fois récolté, est filé et teint par les femmes tandis que les hommes le tissent ensuite sur leurs métiers à tisser horizontaux. Ils confectionnent ainsi des bandes plus ou moins larges, ensuite assemblées pour faire un pagne.
Aujourd’hui, le Faso Dan Fani est fièrement arboré par les burkinabé. Attaché autour de la taille pour les femmes ou cousu en habits traditionnels pour les hommes, il est porté au quotidien mais aussi pour de grandes occasions, même au plus haut sommet de l’Etat. Ce pagne traditionnel est devenu le nouveau centre d’intérêt des créateurs africains qui ont relégué au second plan, le pagne wax.
Grâce à cette ouverture dans le monde de la mode, le Faso Dan Fani a encore un bel avenir devant lui. Avec le développement de la mode responsable et éthique, l’étoffe traditionnelle se chargera d’un nouveau symbole et incarnera des valeurs de solidarité et d’équité.
L’implication des autorités dans la promotion du Faso Dan Fani
Si les Burkinabé ont fait du Faso Dan Fani leur symbole identitaire, c’est bien grâce à leurs dirigeants. Le premier à avoir communiqué au peuple l’amour de ce pagne tissé, est feu Thomas Sankara, le père de la révolution burkinabé. C’est lui qui, dès son accession au pouvoir 1983, a fait du Faso Dan Fani, l’ un des symboles de sa révolution et de l’identité nationale. Porté par les idées communistes et anticolonialistes, il aimait à répéter que « porter le Faso Dan Fani est un acte économique, culturel et politique de défi à l’impérialisme ». Soucieux de mettre en avant ces tissus locaux et de développer les productions nationales, il rend obligatoire le port du Faso Dan Fani par les fonctionnaires.
Cet engouement national pour le Faso Dan Fani s’est quelque peu éteint après la disparition de Thomas Sankara. Blaise Compaoré qui lui a succédé n’a pas su impulser la même dynamique au pagne. Cependant Roch Marc Christian Kaboré, dès son accession à la magistrature suprême, en fin 2015, a remis au goût du jour le port du Faso Dan Fani. Il portait lui-même à chacune de ses apparitions le fameux tissu. Le pagne a même trouvé son jour de célébration, le « 8 mars ». Chaque année, un nouveau modèle est créé en l’honneur de la Journée mondiale de la femme. Aujourd’hui, le Faso Dan Fani peut se targuer d’avoir les meilleurs ambassadeurs dans le monde.
Désormais labellisé, le Faso Dan Fani est à l’abri de la contrefaçon. Pour ne plus se tromper, les consommateurs pourront se référer à l’étiquette, qui affiche maintenant plusieurs informations, notamment sur la qualité du tissu. Ils pourront même effectuer ces vérifications depuis leurs smartphones, à l’aide d’un QR code ou un code-barres qu’il faut flasher. Le potentiel de revenus annuels du Faso Dan Fani est évalué à plus de 50 milliards de F CFA.
No Comments