Source Photo : Kayamaga
Du feutre au Panama en passant par le chapeau melon et le Borsalino, les chapeaux ont longtemps fait partie en Occident de la garde-robe de l’homme élégant, jusqu’à ce qu’ils passent de mode.
En Afrique, les chapeaux occupent également une place de choix dans le style vestimentaire de plusieurs peuples. Au Bénin et chez les Yorubas au Nigéria, il en existe un, qui fait la fierté de l’identité culturelle de ce pays en matière d’accoutrement. C’est le Gôbi.
A l’origine, ce chapeau était utilisé par les ministres du roi plus précisément par celui qui s’occupait de ses affaires occultes pour pouvoir y mettre ses amulettes. C’était une grande fierté pour lui. Mais avec le temps, le gôbi est resté dans le cocon culturel et endogène et a finalement été inclus dans les habitudes.
Pour les grandes réjouissances du roi, les ministres et privilégiés de celui-ci devraient porter ce chapeau. Au fil des ans, cela a fait son chemin à Porto-Novo.
A chaque gôbi, sa signification…
Plus ancré que jamais dans les habitudes, le gôbi est devenu un style vestimentaire à part entière surtout à cause de son aspect royal. Il faut quand même noter, qu’il reste dans le domaine de la réjouissance. L’originalité de ce chapeau pour la plupart, est que le porto-novien ou le yoruba se reconnaît par le Gôbi. Après une longue semaine de travail, il porte sa tenue locale et y ajoute son gôbi pour montrer que le week-end s’annonce et que la semaine est terminée.
Mais, au-dela de cette étiquette d’identification de la culture Goun (Porto-Novo-Bénin) et Yoruba (Nigéria), ce type de chapeau, a encore d’autres significations en rapport avec le tissu et la position qu’il occupe sur la tête.
Ainsi, posé de façon dressée ou couchée, ou encore orienté vers la gauche, la droite, le front ou la nuque, procure à son porteur un certain prestige à Porto-Novo. Dans cette ville du Sud Bénin, les significations du gôbi sont plus basées sur le statut. Balancé du côté droit, il dénote de la richesse, alors que le côté gauche fait allusion à la classe moyenne. Le devant et la position dressée expriment sans vouloir le montrer, le niveau social bas de celui qui le porte. D’une localité à une autre, les significations diffèrent.
Selon les explications du professeur Léon Bio Bigou, un historien bien connu au Bénin, il existe plusieurs types de Gôbi et chez les Batonou, un autre peuple du Nord Bénin, le Gôbi placé d’une manière ou d’une autre, a aussi sa signification. Dans cette région, le Gôbi tournée vers la droite, veut signifier que la personne est orpheline de père. Du côté gauche, pour signifier qu’elle est orpheline de mère. Et, lorsque l’intéressé atteint un niveau donné, c’est-à-dire, une certaine maturité sociale, et que ses parents sont vivants, en principe, son Gôbi devrait être orienté vers le haut. En évoluant, il l’oriente vers le front, pour exprimer qu’il est prêt à affronter les gens.
Revenu à la mode et en force, ce chapeau est passé d’accessoire traditionnel et culturel destiné à certaines couches de la société à vêtement prisé et adopté. Jeunes, enfants ou adultes l’adoptent et l’incluent dans leur quotidien. Même si la signification de ce chapeau est encore méconnue de la jeune génération, le Gôbi reste et demeure la touche finale à ajouter à tout habillement.
Thom Biakpa
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