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5 Juin

Vêtements de seconde main importés : Une Ong ghanéenne déconstruit les stéréotypes sur les fringues bon marché venus de l’Europe

Un marché de vêtements seconde main en Zambie. Photo: AfricaMediaOnline

Le Ghana est l’un des plus gros importateurs de vêtements de seconde main au monde. Récemment, une vive polémique a éclaté dans ce pays sur la qualité de ces vêtements bon marché importés de l’Europe. De nombreuses langues ont fait croire que ces vêtements comportaient beaucoup de déchets. Une manière de décourager les pays du nord qui exportent ces vêtements vers les pays africains, notamment le Ghana.

Pour faire taire les critiques, une association de commerçants du Ghana a fait diligenter une enquête dont le rapport a été rendu public. L’étuderéalisée par la structure « Ghana used clothes dealer association »,révèle que seulement 5% des vêtements importés par millions de tonnesdans ce pays de l’Afrique de l’ouest seraient, en effet, des déchets.

De quoi soulager les acteurs de ce business qui se sont sentis menacés à un moment donné, craignant l’interdiction de cette activité au Ghana. « Le commerce de vêtements seconde-main est bénéfique pour le Ghana », lit-on dans le nouveau rapport publié par la structure « Ghana used clothes dealer association« .

« Tellement de foyers dépendent de ce marché, c’est une économie générationnelle. C’est un des commerces qui ne discrimine pas : les personnes à faibles revenus y participent, comme les personnes à moyen, et haut revenu », fait savoir Marvin Awosu, membre de l’association et importateur de vêtements usagés.

5% de déchets, c’est très peu. Pour arriver à ce chiffre, les auteurs ont travaillé sur la définition même de ce qu’est, un déchet, lorsqu’il s’agit de vêtement.

« Notre définition du déchet, c’est un vêtement qui ne peut être vendu. Donc si les vendeurs ne sont pas capables de le vendre, ils disent que ce vêtement est un déchet. Mais même ces vêtements qui ne peuvent être vendus, les vendeurs nous disent que parfois, ils les recyclent en d’autres choses, comme des serpillères, dépoussiérants, etc », explique Stephen Odonkor, auteur principal du rapport.

Ce rapport est motivé par un but principal : décourager les pays du Nord dans leur volonté d’interdire les exportations de vêtements de seconde main vers le continent africain. Une interdiction notamment proposée à l’Union européenne en mars par le gouvernement français.

Également opposé à l’interdiction des exportations, la fondation Or, autrice d’un autre rapport sur les vêtements de seconde main, se veut moins optimiste. L’ONG, basée depuis 2011 à Accra, a vu la qualité des vêtements importés se dégrader d’année en année, les rendant de plus en plus difficile à vendre et augmentant, de fait, la quantité de textile qui finissent par être jeté, à savoir 40% au marché de Katamanto, le plus important du pays, selon la fondation.

« Il est très important de pouvoir prendre en compte ces deux réalités en même temps : on peut reconnaître le marché de Katamanto comme étant un exemple d’économie circulaire, tout en reconnaissant que ce n’est pas une utopie du commerce de seconde main. Le problème, c’est la fast fashion. Leur modèle économique, c’est le volume qui prime sur la valeur, et c’est comme ça que l’on peut définir la fast fashion. La conséquence, c’est que les vêtements qui arrivent ici ne sont plus d’assez bonne qualité pour permettre aux vendeurs de les réutiliser, de les réparer et de les recycler, et donc de gagner leur vie avec. C’est pour cela que tant de vêtements finissent en tant que déchets », dit Liz Ricketts, directrice exécutive de la fondation Or.

« Donc, ce que nous voulons, c’est que les grandes marques, à travers la politique de Responsabilité élargie du producteur, paie des taxes, dont l’argent sera ensuite utilisé et redistribué dans des marchés comme Katamanto, pour soutenir les gens dans leur travail. Ces taxes serviront également à créer de nouvelles infrastructures, et donc de nouvelles possibilités de recyclage, ici au Ghana, mais aussi à améliorer les infrastructures du marché en lui-même, pour que les personnes puissent travailler dans un cadre sûr et digne », explique-t-elle.

Thom Biakpa

mngralm
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