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8 Jan

Marché de la coiffure en Afrique : Un secteur dynamique et en pleine évolution

Un salon de coiffure grouillant de clientes / Photo: IStock



D’après des estimations récentes, les femmes africaines consacreraient chaque année la somme impressionnante de 7 milliards de dollars à l’entretien de leurs cheveux. Ce budget colossal pourrait jouer un rôle significatif dans le développement économique du continent. Cependant, la tendance « nappy« , qui prône le retour aux cheveux naturels, remet en question cette dynamique.



Pour mettre les choses en perspective, 7,304 milliards de dollars, c’est le Produit Intérieur Brut (PIB) du Niger en 2013. C’est également le montant approximatif que les femmes africaines investissent chaque année dans des produits capillaires tels que shampoings, lotions, défrisants, extensions et autres accessoires.


Un organisme londonien, Euromonitor International, a d’abord évalué le budget capillaire de trois grands pays africains : l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Cameroun. Dans ces trois nations seulement, plus d’un milliard de dollars est dépensé pour la création et l’entretien des coiffures. Après des recherches supplémentaires menées par l’agence Reuters, notamment au Maghreb et en Afrique de l’Ouest, il apparaît que les femmes africaines dépensent des sommes équivalentes au PIB de certaines nations pour leurs soins capillaires.



Il est fascinant de constater que, malgré les discours sur les ressources limitées des habitants du continent, l’Afrique se positionne en tête de ce classement. Les heures passées dans les salons de coiffure et les dépenses engagées pour obtenir des coiffures élaborées témoignent de l’importance accordée à l’apparence. Dans de nombreux pays, il n’est pas surprenant que les forces de l’ordre peinent à faire respecter le port du casque, tant les femmes préfèrent exhiber fièrement leurs coiffures, parfois dignes des premières dames.



Que ce soit des nattes, des tresses, des coiffures « rasta » ou « patra« , le marché de la coiffure va bien au-delà de la simple séduction ou de l’expression artistique. C’est un secteur économique colossal qui attire l’attention de grandes marques internationales de cosmétiques comme Unilever et L’Oréal, notamment dans la partie australe du continent. Ces multinationales ont non seulement ouvert des salons de coiffure pour promouvoir leurs produits, mais elles investissent également dans la recherche sur les cheveux afro.



Cependant, la montée de la tendance « nappy » pourrait-elle freiner cette dynamique économique ? Apparue au début des années 2000 aux États-Unis, cette mode valorise les cheveux naturels, crépus ou frisés, avec des slogans tels que « Stop aux lissages et aux perruques » qui résonnent comme un cri de ralliement pour certaines. Néanmoins, il est incertain que cette tendance parvienne à s’imposer au-delà des frontières occidentales. Les standards de beauté d’une Fatoumata malienne diffèrent souvent de ceux des stars du RnB américain, et il est peu probable que l’abandon des artifices réduise significativement les dépenses. En effet, une coiffure afro, qui symbolise souvent la longueur des cheveux, nécessite un entretien rigoureux face aux défis climatiques et à la pollution, tout comme les dreads.


Ainsi, le marché de la coiffure en Afrique demeure un secteur dynamique et en pleine évolution, où tradition et modernité s’entrelacent, tout en soulevant des questions sur l’identité et les choix esthétiques des femmes africaines.

Thom Biakpa

mngralm
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