Le créateur de mode rwandais Moses Turahirwa dans son studio de création à Kigali/ AFP
Le procès de Moses Turahirwa, le célèbre styliste et fondateur de la marque Moshions, a débuté ce mardi 6 mai au tribunal de première instance de Kicukiro, à Kigali. Cette comparution fait suite à son arrestation survenue quelques semaines plus tôt, alors qu’il est accusé de consommation de drogues, une accusation qui a émergé après la publication de messages controversés sur les réseaux sociaux.
Âgé de 36 ans, Turahirwa a reconnu avoir consommé de la drogue, mais a contesté les affirmations du procureur concernant la quantité de cannabis retrouvée à son domicile. Il a également nié les accusations de possession en vue de trafic. Ému lors de son témoignage, le styliste a présenté ses excuses pour ses publications sur Instagram, où il critiquait ouvertement le président rwandais, Paul Kagame. Cependant, il a précisé qu’il ne pensait pas avoir été arrêté en raison de sa consommation de drogue, mais plutôt à cause de ses critiques, pour lesquelles il a déjà demandé pardon au président, une affirmation que le parquet a démentie.
Le mois dernier, Turahirwa avait publié une série de messages sur Instagram, désormais supprimés, dans lesquels il dénonçait l’emprisonnement injuste de son père par les autorités rwandaises. Il avait également exprimé son ressentiment envers le président Kagame, déclarant : « Je n’ai jamais pardonné à Kagame », et avait partagé son émotion en évoquant le jour où le chef de l’État avait commencé à porter ses créations.
Une audience cruciale à venir
Arrêté dans la nuit du 22 avril, Turahirwa a raconté avoir été réveillé par un groupe de personnes devant son domicile, qui ont défoncé sa porte lorsqu’il a tardé à ouvrir. La cour doit se prononcer sur la demande de libération sous caution formulée par son avocat lors d’une nouvelle audience prévue pour le vendredi 9 mai. Cette demande vise à permettre au styliste de rechercher une aide médicale pour son addiction.
Le procureur, quant à lui, plaide pour le maintien en détention de Turahirwa, rappelant sa condamnation récente en première instance fin 2024 pour des faits similaires de consommation de stupéfiants. À ce jour, le gouvernement rwandais n’a pas commenté les publications de Turahirwa sur les réseaux sociaux ni son arrestation.
Le procès de Moses Turahirwa soulève des questions non seulement sur la consommation de drogues, mais aussi sur la liberté d’expression et les tensions politiques au Rwanda. Alors que le styliste attend la décision de la cour, son cas continue d’attirer l’attention tant au niveau national qu’international.
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